Les urgences, un service à bout de souffle

 Depuis une dizaine d'années, les urgences sont devenues le symbole d'un système de santé qui s’essouffle. Le personnel hospitalier en grève depuis des mois dénonce les conditions de travail ainsi que la mauvaise prise en charge des patients. Quelle est la cause de la dégénérescence de ce service ?



Les services des urgences connaissent partout en France les mêmes difficultés : sous effectif, manque de lits, violences quasi quotidiennes... La vie des soignants n'est plus celle qu'elle était il y a 20 ans. Face à une situation qui ne cesse de se détériorer, médecins, infirmiers et aide-soignants ont décidé de se mettre en grève pour faire part de leur désarroi et de leurs inquiétudes. On assiste aujourd'hui à un phénomène encore jamais observé en France, une centaine de chefs de service démissionnent de leurs fonctions administratives.

Les besoins s'accumulent

Un hôpital public qui court à la catastrophe selon Touria El Boukili, cadre des urgences à l'hôpital Georges Pompidou « Nos revendications portent essentiellement sur le manque de moyens matériels, et surtout le manque de lits d'avals. En 20 ans, le nombre de patients a doublé, on est arrivé à plus de 20 millions de passages tous les ans et derrière nous n'avons aucune structure pour les accueillir. »

Des patients dits en « danger » qui s'impatientent pendant des heures, parfois même une nuit entière sur un brancard, au coût d'une hospitalisation et qui attendent de voir un spécialiste . Celle-ci nous rappelle également qu'en 2 décennies, plus de 100 000 lits ont été supprimés. Dernière illustration en date : à l'AP-HP, la direction a dû fermer plus de 900 lits sur 20 000, faute de personnel disponible.

Phillippe Juvin, chef de service de l’Hôpital Georges Pompidou soulève également un autre problème existant « Est ce qu'on va enfin faire en sorte qu'aux urgences les personnes âgées puissent avoir une filière spécifique et ne pas les faire attendre dans la même fil d'attente que des sujets jeunes ? Ce sont des personnes qui ne peuvent pas attendre 4 heures sur un brancard avant de se faire soigner. »


Une crise qui intervient en plein milieu d'une autre

Des propos qui ne sont pas à négliger surtout aux vues de la crise sanitaire qui touche actuellement la France. Les besoins humains ainsi que matériels se font d'avantage ressentir. Invité sur le plateau de Quotidien, le professeur Juvin faisait à nouveau allusion à « un pays sous-développé en matière de santé ». Il ajoutait lors d'une interview pour BFMTV « On a l'impression d'être parfois un pays en voie de développement ». Aujourd'hui les hôpitaux manquent de masques, mais surtout de places en réanimation. En effet ces derniers sont déjà arrivés à saturation dans les hôpitaux d’Île de France. 1200 c'est le nombre de lits pouvant accueillir des patients en réanimation, malheureusement le nombre de personnes atteintes par le Covid-19 a déjà atteint ce plafond. Les soignants, extrêmement mobilisés, espèrent qu'à la fin de cette crise l’État reconsidérera leurs salaires ainsi que leurs conditions de travail. Deux éléments qui faisaient déjà parti des revendications à l'origine de la grève.

Commentaires