Autorisée depuis 1967 avec la loi de Neuwirth, la contraception est majoritairement considérée comme une affaire de femme. Si son usage demeure marginale chez les hommes, il existe néanmoins plusieurs façons leur permettant de s'impliquer dans le contrôle de fécondité.
La contraception masculine encore méconnue par le plus grand nombre, existe et depuis longtemps. Pourquoi est-elle si peu utilisée chez les hommes ? Cela n'est pas dû à un manque d'information comme l'affirme Pierre Colin, cofondateur de l'Ardecom (Association pour la recherche et le développement de la contraception masculine). « Aujourd'hui il y a environ deux médias par mois qui parlent des méthodes », de plus, plusieurs organisations telles que l'Ardecom ou encore le Planning Familial, organisent des formations pour les professionnels de santé et des consultations groupées destinées aux hommes. Pour lui, cela découle d'une réticence de la part des gynécologues « ils vivent de la contraception féminine et sont nés avec une vision nataliste en relation avec la femme. ».
Comment faire connaître et adopter davantage la contraception masculine ? Le co-fondateur de l'Ardecom y voit une solution très simple : « Il faudrait une formation dès la fac de médecine, une campagne du ministère de la santé et du secrétariat à l'égalité hommes-femmes, une éducation sexuelle dans les écoles ». Il compare également l'information apportée par les médecins français par rapport à nos voisins anglais, « la contraception est à la fois genrée et politique : en Angleterre, les médecins généralistes qui reçoivent les couples (et pas seulement la femme), parlent de toutes les méthodes y compris la vasectomie, c'est pour cela qu'elle est 200 fois plus pratiquée qu'en France ! ».
Les méthodes déjà existantes
Si le préservatif est aujourd'hui la technique la plus utilisée en France, on compte cependant 3 autres procédés pour y remédier et un quatrième en développement, qui semble être sur une piste encourageante.
La vasectomie, qui consiste à sectionner ou bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes, n'est aujourd'hui utilisée que par très peu d'hommes « 0,1% des hommes alors qu'elle est à 20% en Angleterre et 10% en Espagne » précise Pierre Colin. Mais cette méthode effraie encore du fait de son caractère définitif.
Peu médiatisée, la contraception masculine hormonale (CMH) ou injection d'hormones est une autre alternative au préservatif qui, elle, peut être réversible. Celle-ci consiste en des injections hebdomadaires de testostérone mais est lente à mettre en place et peut avoir des effets secondaires. Un spermogramme est nécessaire et il faut ensuite attendre 3 mois avant d'être « contracepté ». Elle est utilisée par une centaine d'hommes seulement tout comme la contraception masculine thermique (CMT).
CMT ou « Slip-chauffant ». Comme son nom l'indique elle repose sur une légère augmentation de la température des testicules grâce à un sous-vêtement ajusté de telle sorte à ce qu'elles soient réchauffées par la chaleur corporelle. Son prix « 5 euros de plus qu'un slip normal » précise Pierre Colin. Le sous-vêtement doit être porté sept jours sur sept et quinze heures par jour. Là encore un délai de 3 mois est nécessaire mais cette méthode est très efficace, à condition de bien respecter le protocole, et sans effets secondaires puisqu'elle est naturelle.« La CMH et la CMT sont faciles et prouvées » ajoute Pierre Colin.
Une nouvelle étude bientôt sur le marché
Une injection dans les testicules qui permettrait d'être tranquille pendant 13 ans. Voilà la promesse d'une nouvelle contraception encore testée dans des laboratoires indiens. Il s'agit du RISUG, de l'anglais Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance. Le Dr Shama, interrogé par l'Hindustian Times (journal anglophone indien ayant annoncé l'arrivée de ce nouveau procédé), a dirigé les essais et affirme que « 303 patient ont été recrutés avec un taux de réussite de 97,3% sans effets secondaires ».
Depuis les années 1970, des chercheurs indiens tentent de mettre au point une alternative à la vasectomie. Cette nouvelle méthode consiste en une injection faite, sous anesthésie locale, directement dans les testicules. Une fois injectée dans le canal déférent, à l’intérieur de l'appareil reproducteur masculin, la solution permettrait d'inhiber temporairement la sécrétion de spermatozoïdes. Comment ? Grâce à un polymère nommé styrène anhydride maléique.
Les avantages ? Contrairement à la pilule féminine connue pour avoir des effets secondaires considérables, cette méthode n'en présenterait aucune. Faite sous anesthésie locale elle ne génère pas les désagréments que peuvent engendrer une anesthésie générale. D'autre part, l'effet de cette molécule serait efficace pendant 13 ans avant de s'estomper. Il serait également possible de dissoudre la solution avant son expiration.
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